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TRAILS ENDURANCE MAG, NUMERO 88, AOUT-SEPTEMBRE 2011 : LE MARATHON DU MONT-BLANC DU 26 JUIN 2011 A TRAVERS LE RECIT DE DELPHYNE BURLET

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Message par François de la Balme-de-S Lun 29 Aoû 2011 - 20:58

Devant couvrir le Marathon du Mont-Blanc pour le numéro 88 de « Trails Endurance Mag » (août-septembre 2011), j’avais sollicité Luc Beurnaux, rédacteur, pour aborder l’épreuve différemment.
Ainsi, je ne souhaitais pas écrire un compte rendu classique qui aurait été publié dans la revue plus d’un mois après le jour J. Rédiger en effet un banal récit de cette manifestation dans sa globalité m’est vite apparu superflu à l’heure de la surinformation, en particulier sur Internet, même si celle-ci demeure bien souvent précipitée et approximative quand elle n’est pas erronée hélas. Surinformation qui s’en trouve encore raffermie lorsque la compétition revêt un caractère prestigieux comme c’était bien sûr le cas du Marathon du Mont-Blanc. Dès l’après-midi de la compétition, chaque site Web spécialisé, sans compter la multitude de blogs, avait déjà en effet relaté l’événement chamoniard.

J’en ai alors profité pour faire parler un trailer en particulier, non pas un cador mais une sans-grade que j’ai scrupuleusement accompagnée. Du moins sur les quatorze derniers kilomètres du parcours, ayant malencontreusement manqué le rendez-vous avec elle sur l’aire de départ devant la statue de Jacques Balmat à Chamonix ! Son nom : Delphyne Burlet alias delphe2466 sur notre forum, 44 ans et résidant sur le Plateau de Retord à Hotonnes (Ain), ancienne championne de ski de fond de 1988 à 1991 et de biathlon de 1992 à 2002 dont le portrait figure sur « Courir en Pays de Savoie » dans la rubrique éponyme.
Épinglant de nouveau un dossard à compter de 2008 mais cette fois-ci en course à pied, elle revendique pleinement désormais le statut d’athlète lambda, n'ayant ni le profil, ni les ambitions d'une élitaire. Ne vous y trompez donc pas, si elle a connu le succès, elle ne cavale plus aujourd’hui que pour elle-même, que pour se faire plaisir pour reprendre la formule consacrée, comme elle l’a toujours fait dans sa vie au demeurant. Aussi, si elle ne performe pas, ce ne sera en aucun cas la fin du monde.

Luc a alors totalement adhéré à ma démarche, me faisant d’ailleurs part de la myriade de doléances à l'endroit de la rédaction de la part de trailers anonymes exigeant de leur donner un tant soit peu la parole, monopolisée sempiternellement par la même petite élite. Car n’occultons pas que les courses hors stade, qu’elles soient sur route ou en nature, cesseraient du jour au lendemain si elles se réduisaient aux vedettes. Inversement bien sûr, il est très valorisant pour un quidam, profane ou en devenir, de concourir sur des compétitions de haut niveau. In fine, chacun a besoin de l’autre, suscitant une authentique osmose, tout à fait atypique pour un sport individuel.
Aussi, sous peine de se décrédibiliser, les médias doivent faire ressortir absolument cette extraordinaire hétérogénéité du peloton qui pimente ces épreuves populaires, qui en fait leur spécificité, leur image de marque, leur label.

Concernant le compte rendu, Luc a repris quasiment son intégralité dans le magazine, excepté le préambule relatif à la préparation de Delphyne et son irruption à Chamonix la veille de la compétition.
Ci-dessous, vous trouverez le texte originel.

François Vanlaton



MONT BLANC MARATHON : OBJECTIF SIX HEURES


TRAILS ENDURANCE MAG, NUMERO 88, AOUT-SEPTEMBRE 2011 : LE MARATHON DU MONT-BLANC DU 26 JUIN 2011 A TRAVERS LE RECIT DE DELPHYNE BURLET P1030915
Cliché F.V.


Raconter une énième course n'est pas si intéressant pour moi si je ne donne pas la tendance, l'atmosphère, l'ambiance qui l'a précédée.

Venue déjà les trois ultimes années sur le Cross du Mont-Blanc depuis 2008, et après une expérience agréable sur le 42km du Trail Ubaye Salomon, le 8 août 2010, je m'étais inscrite pour la course de Chamonix en septembre 2010, sûre de cette façon d'avoir un dossard ! Et contrainte de me préparer pour le faire !!

En vue de cette belle course, je me suis donc entraînée un peu plus sérieusement que les années précédentes. Ce qui signifie que j'ai fait davantage de sorties longues (plus de deux heures), davantage d'endurance, davantage de dénivelée et que je l'ai bien supporté. Le Trail du Gypaète (30km) m'a permis de faire une bonne préparation le 4 juin. Et seulement quelques séances d'intensité pour peaufiner la forme : une séance de seuil et deux de VMA. Pas de quoi fouetter un chat mais bien suffisant à mon goût. Le tout étant de ne pas tomber dans l'excès de fractionné. Rien ne m'énerve plus que ces dossiers « entrainement clé en main » fleurissant dans tous les magazines de running où les intensités tiennent, à mon avis, beaucoup trop de place. Il faut bien se rendre compte que la plupart des gens se mettant à la course à pied n'ont absolument aucune notion de physiologie du sport et ce ne sont pas ces articles qui viendront combler leurs lacunes.

La base de tout, c'est l'endurance fondamentale. Pour 90% de l'activité. Et pour les 10% qui restent, ce sont les courses et les séances spécifiques d'intensité. Point barre. Et dans mon programme d'entraînement de cette année, c'est ce rapport qu'on y trouve. Mes semaines totalisent entre quatre et dix heures, le dénivelé de 1200m à 2500m par semaine, voilà pour les détails.

Comme je suis une petite cylindrée, j'ai besoin de qualité. J'ai donc réussi à faire les séances longues sans me fatiguer ni le corps ni l'esprit mais en étant certaine toutefois qu'elles soient très efficaces pour ce que j'en attendais.

Samedi en début de soirée, me voilà à Chamonix par un temps superbe. Le Cross vient d'avoir lieu, la première dame espagnole a fait un temps magnifique et elle promet cette jeunette ! Mais je déplore qu'il y ait si peu de femmes talentueuses au départ de cette épreuve ! Jadis, il y en avait plus !

Mon souci pour le moment est de trouver une paire de bâtons car j'ai oublié les miens et il n'est pas question de faire ce marathon sans bâtons, en bonne fondeuse que je suis ! J'entre dans le premier magasin que je trouve, chez Sanglard... excusez du peu et je prends ce que la dame me propose, des bâtons en alu de ski alpin... Je ne vais pas faire la difficile en plus !

Ensuite, direction le centre sportif pour retirer le dossard. Une fois ces formalités accomplies, je peux profiter de ma soirée toute seule !! Chamonix c'est MA vallée parce que j'y suis née et qu'en tant que Chamoniarde native, je garde une nostalgie et une fierté d'être née ici.

Je loge à l'hôtel « des randonneurs » à Argentière. Les années précédentes, je dormais sous la tente mais cette année j'avais envie de mon petit confort... Il propose, et ce doit être les seuls de la région, la nuit à quinze euros en dortoir ! Ils ont même avancé l'heure du petit-déjeuner pour les coureurs du marathon à 5h15. Très sympa ! Ensuite je vais manger en ville. Cet hiver, j'ai remporté une course régionale de ski de fond à Vallorcine et comme récompense, j'ai gagné une veste polaire et diverses petites choses qui m'ont fait plaisir dont un bon gratuit pour manger dans un resto du coin. C'est un super resto où je vais déguster un hamburger maison garni de confiture d'oignons absolument délicieux et des pommes sautées à l'ail encore plus sublimes ! Pour accompagner le tout, un demi de bière et la conversation intéressante et charmante d'un autre client single assis à côté de moi.

Couchée à 22h, le sac est prêt, je m'endors sans penser au lendemain.

Le problème des dortoirs c'est qu'il y a toujours des gens pour se lever avant vous et faire du bruit. Quel intérêt de prendre sa douche à 4h30 ? Bref... Je ne suis pas à la bourre comme l'an dernier et j'ai le temps de m'échauffer un peu avant de partir. Je suis la seule à le faire dans les rues ! Tout le monde semble vouloir s'économiser...

Il y a un monde fou sur la place Balmat et j'attends mon accompagnant, François, qui a voulu faire cette course avec moi pour en faire le récit ensuite dans « Trails Endurance Mag ». Quand il m'a proposé ce projet, j'ai d'abord hésité car je me disais qu'étant coureuse lambda de niveau très moyen, je n'étais peut-être pas la mieux placée pour témoigner. Puis j'ai posé mes conditions : qu'il ne me colle pas trop sur la course car j'ai du mal à supporter quelqu'un dans les pattes pendant six heures et que je donne mon aval pour les photos. Une fois les règles établies, j'ai accepté. On a fait le Trail du Gypaète par équipe de deux, quelques séances d'entraînements dans le Grand Colombier. Mais je veux rassurer tout le monde : je suis quelqu'un de très moyen avec certes un passé de sportive de haut niveau mais tout ça est très très loin ! En course à pied, je n'ai ni le profil d'une pro ni les ambitions. Je ne demande qu'à me faire plaisir comme je l'ai toujours fait pendant toute ma vie !

On s'est donné rendez-vous à 6h45 au pied de la statue mais personne en vue ! A 6h50, je vais me placer dans la foule du départ mais je suis déjà loin derrière. Et je ne me doute pas que je fais une grosse erreur... J'aurais dû me faufiler le plus loin possible devant, on verra pourquoi plus loin.

Je prends une photo au départ, je suis sereine, j'ai une confiance totale en mes capacités, je sais comment gérer ma course et je rêve de faire moins de 6h. L'ambiance est folle, on danse sur les Black Eyed Peas et le départ est donné ! Je vais mettre deux minutes pour arriver jusque sous la banderole du départ... Ensuite nous partons en petites foulées dans les rues très fraîches de la ville où beaucoup de monde nous applaudissent. J'ai les mains froides mais cette fraîcheur est agréable en prévision de ce qui nous attend dans quatre heures en plein soleil, juste au dessus ! J'ai observé des trailers avec le même genre de bâtons que moi, je me sens moins bête... Pourtant, malgré la difficulté du parcours, moins de la moitié des concurrents emporte des bâtons, sans doute parce qu'ils ne savent pas s'en servir. Ce n'est pas une critique, c'est juste qu'une paire de bâtons pèse lourd et que ça représente aussi une dépense énergétique supplémentaire. Mais certains préfèrent sans.

Côté machinerie, les jambes tournent bien, le coeur est ok, pas de sensations de jambes lourdes ou de muscles saturés d'acide. Les dix premiers kilomètres sont faciles et vallonnés puis on entame une petite montée vers le Col des Montets, on redescend sur Vallorcine jusqu'à la frontière suisse dans le trou. Et à partir de là commence l'ascension du Col des Posettes, 1000m de dénivelé, raide au début puis sur des pistes de ski sur la seconde moitié. Au col, un joli sentier dans les alpages mène à l'Aiguillette des Posettes, point culminant de la compétition. Ensuite, on redescend aussi sec ce qu'on vient de monter avant de reprendre le chemin qu'emprunte le cross du samedi. Et l'ultime portion slalome entre pins et mélèzes sur le versant ouest, quitte la forêt sous la Flégère, le chemin monte alors droit dans la pente « dré dans le pentu » comme on dit par là et mène au télécabine de la Flégère. Dernier ravito et les cinq derniers kilomètres se déroulent sur un sentier « single-track » avec moult rochers à enjamber et c'est bien ça le plus difficile, éviter les chutes quand on a les forces qui déclinent. Et pour finir en beauté le dernier mur, un km très raide avec des cailloux qui roulent sous les pieds à la fin, les muscles qui brûlent et la fabuleuse sensation de soulagement quand les jambes franchissent la ligne d'arrivée !

Côté stratégie, j'ai prévu de partir à la même allure que l'an dernier c'est à dire tranquillement sans faire monter le coeur et de passer dans les 1h30 à Tré-le-Champ. Si je veux pouvoir franchir la ligne d'arrivée en moins de 6h, c'est le plan de marche qu'il faut respecter. Mais très vite, je vais me rendre compte de mon erreur du départ. Partie dans la foule, je vais rester avec la foule longtemps et subir les désagréments que cela engendre : ralentissements dans les passages étroits, arrêt de plusieurs minutes parfois, de quoi trépigner d'impatience ! Et me faire perdre du temps. Alors oui, on est tous dans le même train mais ça fait ch... quand même ! Du coup, je passe en retard à Tré-le-Champ mais j'arrive dans les temps à Vallorcine : 2h09. Ce sera la seule fois de la course où je respecte mes prévisions horaires. Mais ça me redonne le moral. Pour arriver jusque là, je suis passée sur les pistes où j'ai touché le jackpot cet hiver. J'ai aussi absorbé une topette de Punch Power en vue de la première difficulté : le Col des Posettes. Au ravito au pied du col, je mange de la tomme sur du pain et je manque de m'étouffer. Je bois beaucoup de boissons énergétiques, je me passe le visage à l'eau froide. Le soleil n'est pas encore là, la rosée perle sur les pelouses, un orchestre de percussions nous accompagne à la sortie du village et hop à droite, la montée commence. Et je manque de m'étrangler : ça fait encore des bouchons, on monte à une allure de tortue en file indienne, je sens que les concurrents ont peur de ces 1000m de dénivelé et y vont doucement. Pas moi. Je prends la résolution de doubler le plus possible. Ca me prend de l'énergie car il faut plus souvent grimper sur les rebords du chemin, enjamber les cailloux, s'excuser de demander pardon, ne pas bousculer les concurrents dépassés, être obligé à certains endroits de suivre le rythme minimal et ça m'agace. Mais tant que le chemin monte raide, on avale plus rapidement les courbes de niveau. Puis, à mi pente, on débouche sur les pistes de ski et c'est dans cette partie que je vais perdre du temps. Ce n'est ni raide ni plat, une sorte de faux plat à la con où je ne peux pas courir tout le temps et où j'ai l'impression de faire du sur-place en marchant. Ce col finalement pas si dur que ça, je vais le gravir trop lentement, en une heure (sur la courbe de mon cardio Suunto, il est nettement établi que je n'étais pas dans la plus rapide allure), et quand je débouche au col, j'ai plus de vingt minutes de retard sur le plan de marche. Et c'est ce plan qui me permet de rester motivée, de toujours avancer plus vite, d'avoir ce moteur pour objectif et d'éviter les passages en roue libre. Toujours rester sur le fil, ne pas me relâcher. Heureusement, la vue éblouissante m'apaise un peu : le glacier d'Argentière, l'aiguille du même nom, l'Aiguille Verte, le ciel pur et azur, le soleil déjà écrasant et un chanteur à la guitare qui nous remonte le moral en interprétant (très bien) les standards rock : Johnny, Joan Jet, Queen...

Quelques verres d'eau, une topette pour éviter les crampes en vue de la prochaine (et seule) descente et me voilà repartie. Et là, je n'y crois plus. Je pensais mettre un coup de collier jusqu'au sommet de l'aiguille mais c'est encore pire que dans la montée : ça monte à la file indienne tout doucement, mon fils de 7 ans irait plus vite, j'en suis convaincue ! C'est trop irritant, je trépigne d'énervement quand je ne peux pas passer, de nouveau il faut enjamber les rochers sur le côté, demander pardon, gna gna gna... J'évite de trop couper les virages car il y a toujours des imbéciles pour s'en plaindre, pour le temps que ça me ferait gagner... Bref, vous l'avez deviné, je suis grognon contre l'allure d'escargot et surtout contre moi-même car c'est ma seule faute de m'être placée si loin sur la ligne de départ... Je n'imaginais pas les conséquences que ça pourrait avoir sur ma petite performance. Quand on veut faire un chrono sur une course, il faut mettre tous les atouts de son côté !

Enfin, enfin ! La descente est là et je tiens à ne pas me laisser ralentir cette fois. Je peux m'appuyer sur mes bâtons quand je saute, quand je franchis des rochers mal équilibrés, ça amortit et ça me fait moins mal aux muscles, aux genoux, leur aide est très conséquente. Suivie d'une autre concurrente, nous faisons une bonne descente et dépassons beaucoup de monde. C'est à partir de ce moment que je vais avoir cela en tête : doubler le plus de monde possible. Ca me rappelle mon premier cross ici en 2008 quand nous nous étions trompés d'itinéraire et qu'en retrouvant le chemin en dernière position, j'avais dû remonter presque cinq cents personnes ! J'ai tout vécu sur ces épreuves : la bonne forme, l'erreur d'aiguillage, la craquante. Ca forge le caractère.

Dans la descente, nous échangeons quelques mots avec cette femme et je blêmis quand elle me dit qu'elle est en retard sur ses temps de 2010 quand elle avait fait 6h57 (Cette année, elle mettra… 6h54 !). Je n'ose pas lui dire ce que j'envisageais pour moi... Cette fois, pas d'erreur possible, je suis sérieusement en retard sur mon plan et ça me contrarie beaucoup. Plus question de se laisser aller. Même si je ne me suis guère laissée aller depuis le début.

La descente se fait diligemment grâce à des marches d'escaliers grossières qui nous font perdre de l'altitude, j'ai mis trente minutes environ pour dévaler les 1000m. Mais je ne suis pas dans la meilleure humeur quand tout à coup je retrouve François dans le village du Tour (km28). Il m'explique ses déboires avec force gestes et excuses : n'ayant pas pu monter la veille comme prévu, il a crevé sur l'autoroute ce matin et est arrivé à la bourre au départ, d'où notre rendez-vous manqué. Mais il a été plus malin en allant se placer au départ avec les meilleurs. J'aurai bien aimé avoir ce conseil... Quand je le retrouve, je ne pensais plus du tout le revoir un jour sur ce marathon ! Je suis concentrée sur ma déception de savoir que je ferai pas ma course en 6h et sur le fait que je dois m'accrocher et continuer malgré tout à accélérer et à remonter le plus de monde possible. Quand j'ai une femme en ligne de mire, je mets un point d'honneur à la doubler. Du coup, l'irruption de François dans ma course me déconcerte, surtout qu'il me parle d'autres choses que ce qui me turlupine à l'instant. Je lui décrit un peu mon parcours jusqu'ici, après tout il est là pour écouter ça... Mais je limite les échanges, je veux rester attentive sur mon effort. En tout cas, pour le reste de la course, il respectera le fait de rester discret derrière moi et en échange, je lèverai la tête quand il me prendra en photo...

Mais me voilà à Tré-le-Champ pour l'ultime gros ravitaillement. J'en suis à 4h35 de course. L'an dernier, j'avais mis 1h35 d'ici pour rallier l'arrivée mais je n'avais pas ce détour de deux heures par les Posettes dans les pattes. Pourtant je vais tout faire pour finir le plus promptement possible. Même si je sais que je ne peux pas le faire rien qu'à cause de la fatigue déjà accumulée, j'ai envie de croire que cet impossible est possible. J'avale trois verres de boisson, deux verres d'eau, une banane, une barre de céréales au chocolat et je repars.


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A Tré-le-Champ, on boit comme si on avait soif...
Cliché F.V.


Mais je me sens comme après un gros repas de famille le dimanche après-midi à 16h, l'estomac lourd, les jambes en coton. Je décide alors de laisser passer ce moment de faiblesse en marchant à allure modérée, le temps que l'estomac fasse son travail et que l'organisme se mette de nouveau à alimenter le diesel en carburant ! C'est à ce moment que François me dit que j'ai une bonne allure. C'est vexant ! Je dirai plutôt que je me traîne. Juste après, il m'encourage en disant la phrase qui tue : « Allez, on y croit ! » Je l'arrête net en lui conseillant toute autre expression sauf celle-ci. Bien-sûr que j'y crois ! Si je n'y croyais pas, je ne serai pas là, non ? Je sais, je suis em... mais c'est encore pire quand je suis en plein effort ! Heureusement, François se montre compréhensif et patient...


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La montée sous la Flégère avec en fond d'écran l'Aiguille Verte à gauche et les Drus à droite... Fantastique !
Cliché F.V.


Et cette portion écrasée de chaleur dans la forêt me parait très longue. J'attends la rude ascension finale vers la Flégère avec impatience, j'ai hâte d'en découdre avec cette dernière partie ! Je tète un petit coup au camel-back et m'y voici enfin. Je ne sais pas pourquoi mais il y avait deux endroits de la course qui m'attiraient : cette montée avant la Flégère et les cinq kilomètres qui suivent. Peut-être parce que je les connais mieux et parce qu'ils représentent surtout des défis véritables à relever. Tout en montant à bonne allure, j'apprécie d'avoir l'aide de mes bâtons car s'il y a bien un endroit où ils me sont d'une aide précieuse, c'est là, en plein cagnard, sur ce chemin raide et interminable où je vois un serpent de concurrents devant moi que je vais dépasser, c'est sûr !! Effectivement, je double beaucoup de monde dont des concurrents affalés par terre victimes de crampes, d'un coup de barre, d'un départ trop rapide. J'encourage certains car je sais ce que c'est ! Ce sont des moments de grande souffrance, de grande solitude où on se retrouve face à soi-même, à ses propres erreurs qui nous ont conduit là et après lesquelles on ne peut que subir et attendre que ça passe. En se jurant de ne jamais recommencer !

La Flégère se dresse fièrement et nous offre le dernier ravito du marathon. Là bas, à 5km, on voit déjà l'arrivée... Je retrouve au poste de secours une concurrente plus âgée que moi qui m'avait doublé dans l'ascension des Posettes, je m'étais dit en la voyant qu'elle pouvait être fière de sa performance. J'aimerai moi aussi pouvoir encore courir pour le plaisir dans dix ou quinze ans et j'ai conscience qu'il faut, pour ça, apprendre à économiser la machine. Je ne suis pas du genre à brûler mes vaisseaux pour des honneurs immédiats et l'enfer à moyen terme. Les succès, je les ai eus quand il le fallait et aujourd'hui, si je ne performe pas, ce n'est pas la fin du monde. Je ne regrette jamais rien, j'analyse plutôt les erreurs lucidement, j'accepte ce que mon corps veut bien me donner dans l'effort. Mais j'avoue que quand il faudrait se dépouiller pour une dernière ligne droite et s'écrouler d'épuisement à l'arrivée, je préfère finir vite sans excès et sans creuser un vide en moi. J'ai déjà donné dans le genre, je ne cours plus pour ma carrière ni pour une équipe. Je cours pour moi seule et je ne rends de compte qu'à Delphyne. On s'arrange en douce...

J'en suis à 5h45... Les six heures me narguent mais je ne les aurai pas ! Je bois deux verres de boisson et je ne traîne pas dans les parages. Je déplie les jambes en trottinant sur le sentier et tout à coup, sans que je sache d'où ça vient, je me mets à courir comme une dératée. J'aime ces sentiers où il faut viser juste quand on pose le pied sur un petit rocher, évaluer le point d'équilibre, anticiper l'endroit où je pourrai dépasser sans me faire mal, aller vélocement et se laisser griser. J'ai une force incroyable qui me pousse à courir sans que j'éprouve la moindre fatigue dans les jambes, j'ai le coeur à allure VMA (161 pour moi) et si je peux faire ça c'est qu'il me reste suffisamment d'énergie, j'ai bien géré ma course. Je ne réfléchis plus, je dis « gauche, gauche ! » aux concurrents que je double pour éviter les frottements, il y a trois ou quatre gars qui m'ont emboîté le pas et qui profitent de mon sillage, ça me pousse à continuer. Moi qui avait peur de craquer à cet endroit, peur de ne pas pouvoir courir, c'est le contraire. C'est là que mon passé et mes acquis de sportive de haut niveau ressortent, pour peu que je les entretiennent, ils me sont très utiles, tant physiquement que mentalement.

En revanche, dès qu'il faut marcher dans certaines montées, ça tire et ça fait mal. Mais l'arrivée se profile, une dernière petite bosse qui débouche sur une ultime descente avant l'ascension finale. Je me déporte dans les rhododendrons à gauche pour doubler une file de concurrents, certains ne veulent pas se pousser, c'est très stressant, surtout quand ils voient que c'est une fille... Je reste polie alors qu'un type me reproche de le pousser et j'ai des noms d'oiseaux qui me viennent à l'esprit s'il insiste. Il y a la fatigue, l'énervement, la chaleur. Je peux comprendre mais tout de même, ils doivent prendre conscience que ceux qui doublent ont certes une meilleure forme mais doivent aussi faire des efforts supplémentaires et prendre aussi des risques pour éviter de les bousculer. L'odeur sucrée des résineux disparaît alors que j'aborde le dernier mur.

Ce n'est pas la peine de se dire d'y aller franco, la pente aurait raison de ma volonté, de mes muscles très rapidement. Mieux vaut gravir à une allure régulière et réserver le finish pour le public nombreux tout en haut. C'est vraiment dur, il fait chaud, j'ai mal à la tête, les lèvres sèches, le souffle court et comme tous ceux juste avant moi : je m'accroche !

Au pied de la côte, il y a une Américaine qui encourage les coureurs comme si sa vie en dépendait, comme si on lui avait dit qu'elle recevrait une balle en pleine tête si elle se taisait, elle encourage comme une Américaine quoi ! De loin, ça me porte sur les nerfs. Puis je me laisse bercer par ses cris d'encouragements et la remercie d'un « thank you » quand je passe à ses côtés, trop heureuse de m'être laissée porter par le son de sa voix. Ce sont des encouragements sincères finalement, généreux qui me touchent beaucoup. Et il y en a eu tellement tout au long de cette épreuve, j'ai remercié les gens du mieux que je pouvais d'un mot ou d'un hochement de tête. Ils ont donné de la voix pendant des heures, ils ne courent pas mais ils savent et ils nous supportent en nous encourageant chaleureusement. C'est formidable et je tiens à les remercier encore tous, du fond du coeur !!

François passe devant pour prendre des photos à l'arrivée, une fille me double en trombe, impossible de la suivre et je grimpe enfin ce dernier raidard sous les applaudissements des spectateurs avec la perspective d'une bonne bière fraîche à l'arrivée !


TRAILS ENDURANCE MAG, NUMERO 88, AOUT-SEPTEMBRE 2011 : LE MARATHON DU MONT-BLANC DU 26 JUIN 2011 A TRAVERS LE RECIT DE DELPHYNE BURLET P1030913
Voilà, 6h34’52’’ ! Je suis loin de mon objectif, je sais pourquoi et il n'y a rien à ajouter. Je termine ce fantastique marathon dans un bon état physique, mes chaussures Asics m'ont portée de façon royale, je n'ai pas eu de coup de barre, j'ai senti un peu l'altitude à 2600m, je regarde l'objectif de François, heureuse d'avoir franchi la ligne avec le sourire.
Cliché F.V.


Nous buvons une bière de concert, ça fait un bien fou !

En regardant les temps de passage après coup, il s'avère que j'ai fait une remontée incroyable depuis le 28ème km, grillant la politesse à 216 concurrents et 14 dames de ma catégorie. Je me classe 11ème V1 et 43ème féminine. La première fille, Stéphanie Jimenez, est en 4h39’36'', devançant de 8'15'' sa dauphine, la très sympathique Lisel Dissler.

Sur mon premier marathon de montagne, le Trail Ubaye Salomon, j'avais mis 6h11’47’’ sur un parcours avec autant de dénivelée positive que négative. Et je n'étais pas en aussi bonne forme. Je pense que j'ai progressé un peu.

Au lendemain de l'épreuve, je suis partie faire 1h30 de vélo au plat, vraiment tranquille pour faire tourner les jambes, rien de tel pour la récupération. Quelques siestes et je pourrai bientôt reprendre les sorties à pied. Je ne me force pas, j'ai besoin de récupérer et de décompresser avant le mois de juillet, qui, professionnellement, sera très chargé. Peut-être que vous me verrez à l'ITT à Val-d'Isère. Une petite distance (32km), ça me tente mais ma présence là-bas dépend de beaucoup de choses, j'en saurai plus la semaine prochaine ! Et grand repos en août. Ensuite, pas la peine d'y penser, c'est trop loin !

Delphyne Burlet alias delphe2466


Merci du fond du coeur Delphyne d'avoir accepté que je sois ton compagnon... d'un jour !!!
F.V.




François de la Balme-de-S

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