MAXENCE GARIN, L'ETOILE MONTANTE GENEVOISE

A L’OCCASION DE LA 38E TRANS’ONESIENNE DU 20 NOVEMBRE 2010

PLEINS FEUX SUR LE LAUREAT MAXENCE GARIN

Retour sur la Trans’Onésienne avec un coup de projecteur sur le Genevois Maxence Garin, 22 ans, qui a fait forte impression à quinze jours de l’Escalade qu’il prépare minutieusement.

Né le 9 juin 1988, Maxence Garin est un Genevois pur sucre, ayant établi ses quartiers à Veyrier. A l’heure actuelle, il est en master première année à l’Université de Genève pour devenir un des disciples d’Albert Londres. Ce qu’il est déjà en réalité, mais en tant que pigiste collaborant à Léman Bleu, télévision locale couvrant l’aire franco-valdo-genevoise.
Samedi dernier à Onex, ce séduisant jeune homme d’1m85 a remporté sa première victoire en élite, abaissant de 36’’ le chrono 2009 de son prédécesseur, l’Ibère Eduardo Oliveira. Et ce sur une distance de 11km qui n’est pourtant pas sa tasse de thé, étant d’ailleurs assez surpris par son action d’éclat. C’est que le Veyrite s’adonne avant tout à la piste, se spécialisant sur 5000m avec un record en 15’39’’32 à l’occasion du Meeting du Swiss Athletics, disputé cette saison à Nottwil. Une prestation nullement à l’avenant de son immense talent.

Coup de foudre à l’Escalade
Eprouvant le vif désir de passer à un sport individuel, Maxime délaisse le football à l’orée 2005 pour se consacrer exclusivement à la course à pied qu’il étrenne en enfilant un dossard lors de la prestigieuse Escalade, opus 2004. Ce sera le déclic. S’adjugeant chez les cadets 3e et 4e années une probante 9e place sur quelques 290 concurrents, la vieille recette préparatoire du 4x600 4x200 avait alors fonctionné à merveille. Entrée en la matière qui lui ouvre par ricochet les portes du Stade Genève, le mythique club de la cité de Calvin extirpé des limbes en 1916 et excédant aujourd’hui les 600 membres.
S’il est au premier chef un pistard, Maxence, en homme lucide qu'il est, mesure pleinement qu’il doit encore faire ses preuves sur sa distance fétiche du 5000m, son manque criant d’endurance lui jouant des mauvais tours. Pas le fruit du hasard donc s’il a essuyé deux échecs cinglants cette année, symbolisés par un abandon et une médiocre performance. En conséquence, il s’est focalisé momentanément sur le 3000m, une course de demi-fond non-officielle davantage en rapport avec sa capacité de résistance. Le résultat ne s’est pas fait attendre, réalisant 8’38’’23 en 2010 à Bâle.
Mais dès l’an prochain, il entend bien tirer son épingle du jeu sur le 5000m, l’unique épreuve sur tartan qui a vraiment sa faveur.

Prouesses en cross
C’est finalement là où on ne l’attendait pas, sur le terrain gras en l’occurence, qu’il va exceller. Successivement, il se classe cette saison 2e aux Championnats Genevois, 5e aux Suisse puis apothéose suprême, 76e et 3e Helvète aux Mondiaux militaires le 11 mars à Ostende (Belgique). Aussi, vu le faible succès populaire du cross dans l’entité genevoise, il envisage sérieusement d’endosser les couleurs d’une escouade française pour pouvoir concourir les épreuves labellisées du sceau de la Fédération Française d’Athlétisme. A priori, la Foulée d’Annemasse semble tenir la corde pour sa proximité. Mais il ne franchira pas le Rubicon sans les judicieux conseils prodigués par son coach pour qui il voue une admiration absolue : Marco Jaeger, grand spécialiste du 800m pour détenir le 13e chrono suisse en 1’47’’.
Parallèlement, les Mondiaux militaires de juillet 2011 à Rio de Janeiro (Brésil) seront son objectif majeur.
En attendant et depuis le 18 octobre, il travaille d’arrache-pied sa vitesse en compagnie d’une demi-douzaine de ses potes jaunes et noirs en vue du rendez-vous incontournable qu’est le 33e millésime de l’Escalade. Sous l’œil vigilant de son mentor Jaeger, il se soustrait à un drastique plan d’entraînement de six semaines comportant pas moins de cinq séances hebdomadaires dont trois dévolues aux fractionnés (se reporter infra). Accomplissant 23’47’’ l’an passé, soit 45e, nul doute qu’il sera fin prêt pour s’approcher des 23’, et qui sait, cerise sur le gâteau, de descendre sous ce seuil fatidique. Son éclatante démonstration onésienne achèvera de convaincre les derniers sceptiques.
Marlon Santi, pour le compte du « Dauphiné Libéré », édition Bellegarde – Pays-de-Gex, en date du vendredi 26 novembre 2010.


LE PALMARES DE MAXENCE GARIN EN 2009-2010 :

PISTE :
Les quatre chronos ci-dessous correspondent à ses temps référence :
- 1000m : 2’32’’51 (3e) le 1er mai 2010 au Meeting Mémorial Paul Luginbühl.
- 1500m : 3’57’’05 le 1 août 2009 aux Championnats Suisse élite à Zurich.
- 3000m : 8’38’23 (5e) le 5 juin 2010 aux Championnats Suisses Interclubs à Lausanne.
- 5000m : 15’39’’32 le 8 août 2010 au Meeting Swiss Athletics à Nottwil.

CROSS-COUNTRY :
- Cross de Vidy à Lausanne le 16 janvier 2010 (8km) : 14e en 28’31’’.
- Cross de Berne le 23 janvier 2010 (8,8km) : 6e en 33’24’’.
- Championnats Genevois à Onex le 27 février 2010 (6km) : 2e.
- Championnats Suisses à Saint-Maurice le 5 mars 2010 (3km) : 5e en 10’35’’.
- Championnats du Monde militaires à Ostende (Belgique) le 11 mars 2010 (11,5km) : 76e et 3e Suisse en 37’43’’.

ROUTE :
- Trans’Onésienne à Onex le 21 novembre 2009 (11km) : 7e en 37’29’’.
- Escalade à Genève le 5 décembre 2009 (7,248km) : 45e en 23’47’’.
- Tour de Presinge le 21 mars 2010 (5km) : 2e en 15’34’’.
- Championnats Suisse du 10 km à Payerne le 27 mars 2010 : 41e en 32’58’’, soit son temps-étalon. Son record est en réalité de 31’59’’ à l’occasion du 10km de Lausanne (18e), concouru le 26 octobre 2008. Mais il n’est pas très significatif en raison du caractère trop descendant de cette compétition.
- Trans’Onésienne à Onex le 20 novembre 2010 (11km) : 1er en 35’48’’.

NATURE :
- Run Evasion Rhône le 10 octobre 2010 (22,5km dont 85% en nature) : 2e en équipe avec son camarade du Stade Genève, Julien Lyon, en 1h19’36’’. Maxence assurera le 2e relais long de 7,9km dont il annihilera le record, et ce en 27’17’’.


LA SEMAINE TYPE DE MAXENCE GARIN POUR PREPARER L’ESCALADE AVEC SES COEQUIPIERS DU STADE GENEVE :
- Lundi : fartleck court-musculation : 16 x 45’’ avec 30’’ de récupération.
- Mercredi : endurance qualité qui voit la vitesse s’amplifier au fur et à mesure que la distance diminue : 4km au seuil, 3km à 85% de VMA, 1,5km à 90-95% de la VMA.
- Jeudi : endurance-musculation moyenne : 50’.
- Samedi : fractionné de côte : 10 x 45’’ avec récupération en descente.
- Dimanche : footing de récupération.


PHOTOS


Maxence Garin le 16 janvier 2010 sur le Cross de Vidy, quartier de Lausanne bordant le Lac Léman qu’on entraperçoit à main gauche. Il glanera la 14e position.
Cliché que m’a transmis Maxence Garin.



Maxence Garin.
Cliché que m’a transmis Maxence Garin.



Lors des Championnats Genevois de cross du 27 février 2010, Maxence Garin (dossard 160), s’accroche désespérément à sa seconde place, dans les talons de son camarade de club Alexandre Roch imprimant un rythme infernal. Au final, les deux hommes préserveront leur rang, Alexandre gagnant néanmoins le jackpot aisément.
Cliché www.gempteam.ch


Et maintenant, les six coéquipiers de Maxence qui défendront avec lui les chances du Stade Genève sur l’Escalade du 4 décembre :



Alexandre Roch, le 5 décembre 2009 au moment de l’Escalade, cette légendaire corrida sillonnant la vieille ville de Genève. Il se classera 26e en 22’33’’, soit 4e Suisse dans une compétition à très forte connotation internationale, fréquentée en particulier par les Russes et les Africains des Hauts Plateaux Orientaux et des Grands Lacs.
Né le 28 mars 1986 et demeurant à Vandoeuvres (Canton de Genève), c’est l’athlète sur qui se fondent les plus grands espoirs de l’entraîneur Marco Jaeger pour l’Escalade. Ses temps référence parlent pour lui :
800m : 1'54''55 (2006).
1000m : 2'25''06 (2007).
2000m : 5'24''33 (2007).
1500m : 3'49''30 (2007).
3000m : 8'25''01 (2010).
5000m : 14'33''91 (2007).
Ce samedi 27 novembre, une semaine avant l’Escalade, il devrait de nouveau se tester lors des Foulées Automnales de Meyrin.
Cliché Michaël Bohler.



Alexandre Roch (maillot jaune et noir), toujours à l’Escalade 2009 sur l'un des raidillons. Il est alors devancé d’une semelle par son compatriote, le redoutable Stephen Staehli (maillot bleu), né en 1980, pensionnaire de TV Bösingen (Canton de Fribourg). Celui-ci sortira vainqueur de ce formidable corps à corps pour 9… centièmes de secondes (25e en 22’32’’6 contre 26e en 22’33’’5).
A travers son magnifique blog, Alexandre nous conte exhaustivement sa fabuleuse course de l’Escalade, version 2009, compte-rendu que j’ai remanié à la marge pour le rendre plus limpide :

Jolie performance à l'Escalade !
Après quatre ans de « non-course de l'Escalade » (à deux reprises aux championnats d'Europe de cross et une année blessé il y a deux ans), j'ai renoué avec cet incroyable événement !!! J'étais cette année au départ de la catégorie Escaladélite (523 classés !), avec 7248m de course en trois tours dans les rues de la vielle ville de Genève, un parcours très accidenté avec de multiples montées-descente et des relances à chaque coin de rue, sur les pavés pour les rares « ignorants » !!!
Au départ, la nervosité est palpable sur les visages de tous les coureurs, des Genevois en particulier qui souhaitent tous frapper un grand coup devant leur public. Les dernières poignées de mains aux potes d'entraînements et le starter annonce une minute avant le départ! Le cœur tape et l'attente est dure ! Puis c'est le coup de canon et le rush !!! Heureusement j'étais en seconde ligne et après 200m de course, j'avais déjà de la place, ce qui ne devait pas être le cas des six cents coureurs derrière moi !
Je n’avais aucune idée du rythme à adopter et c'est toujours très dur à savoir car le départ est en montée. En plus, je n'ai plus fait de compétition depuis le mois de septembre alors question rythme... on pouvait faire mieux !
Bon ok, je me retrouve aux alentours de la 30e place derrière une vingtaine d’Africains... quel niveau! Puis c'est le rythme de course qui rentre dans les jambes et la fin du 1er tour... Jusqu'ici, tout va encore bien mais j'espère que je ne suis pas parti trop vite... Dans ces cas-là, on s'en rend compte trop tard pour changer quoi que ce soit.
Le 2e tour est de plus en plus pénible et je me retrouve dans un groupe de quatre coureurs suisses (Ali Hakimi, Pierre Fournier, Stephen Staehli). C'est très dur de tenir le rythme et à l'entame du 3e tour, je me demande si je pourrais tenir jusqu'au bout le groupe, restant malgré tout concentré jusqu'au dernier passage du Bourg-de-Four. A ce moment, je sais que le dénouement est proche ; après le tour de la cathédrale, je me retrouve en tête du groupe et, par instinct, décide d'accélérer (comprenez de tout donner !) ; l’ultime grimpée, très raide mais très courte, est passée et c'est un terrible sprint dans la descente qui mène à l'entrée du parc des Bastions. Les jambes se fracassent littéralement sur les pavés et arrivé en bas en totale survitesse, je ne me retourne pas et donne tout ! Je suis à ce moment là sûr que j'ai lâché le groupe.
On y croit, on y croit, on y... ahhhh Staehli me dépasse par la droite en sprintant (formellement interdit normalement :-))… Je donne tout mais ça ne suffira pas !
Je termine au 26e rang final dans le temps de 22'33'' (3'06’’ au km). 4e Suisse.
Une belle surprise, tant sur le rang que le chrono puisque mon automne a été une succession de contretemps et mon entraînement n'a vraiment pas été performant ! Très encourageant pour la suite... La suite c'est justement la course de Noël à Sion samedi prochain !
Le blog d'Alexandre Roch : http://peruvson.skyrock.com/
Cliché Michaël Bohler.



Le podium de la Trans’Onésienne du 21 novembre 2009, avec deux stadistes entourant l’homme victorieux, l’Espagnol Eduardo Oliveira :
- A gauche, Nathaniel Kleiner, 2e. Né le 4 juillet 1987, cet étudiant en master de droit avait terminé 44e en 23’46’’ à l’Escalade 2009.
- A droite, Julien Salamun, 3e. Né le 16 mai 1981, ce doctorant dans un laboratoire de recherche médicale s’est lancé avec succès dans le marathon cette saison. Le 21 mars à Rome, il finit 57e en 2h39’18’’, le 6 novembre à New York, 135e en 2h40’12’’. Pas tout à fait remis de son périple étatsunien, il ne s’est adjugé que la 6e position sur la Trans’Onésienne de samedi dernier, accusant un déficit de 39’’ par rapport à sa prestation enregistrée sur la précédente édition. A l’Escalade 2009, il est arrivé 58e en 24’20’’.
Cliché Marlon Santi.



Michaël Bohler : né le 25 août 1984, on l’a vu 8e à la Trans’Onésienne 2010.
Cliché du Stade Genève.



Julien Lyon : né le 15 décembre 1990, cet étudiant en économie vient de décrocher la timbale sur le 4,375km de la Trans’Onésienne 2010 en explosant de 59’’ le chrono, à plus de 20 km/h, établi par Olivier Marchon en 2009. L’an passé, il avait terminé 6e sur le 11km de cette même manifestation.
Cliché du Stade Genève.

Enfin ultime fer de lance de cette prometteuse équipe, Christophe Chabard. Né le 22 mai 1980, bossant à l’inspection genevoise des finances, il n’était licencié que depuis un an avant de rejoindre le Stade en septembre dernier. De 2009 à 2010, il était en effet pensionnaire à la Foulée d’Annemasse dans le seul but de figurer sur les cross labellisés de la Fédération Française d’Athlétisme.
Très impressionnant à la Trans’Onésienne 2010, second, à 41’’ de Maxence Garin.


Un grand merci à mon confrère et éminent coureur, Maxence Garin, pour m’avoir apporté un passionnant éclairage sur lui-même et son escouade du Stade Genève, et ce à quelques jours de l’Escalade.
C’était l’occasion pour moi de partir à la découverte du landerneau de l’athlétisme genevois, si proche de la Haute-Savoie, et pourtant si méconnu encore, ou pis, parfois méjugé. Incursion entamée le 7 novembre au Cross de Versonnex en m’entretenant avec Nisa Camelo et Michaël Fischer, et qui se poursuivra ce samedi 27 novembre avec les Foulées Automnales de Meyrin.