HUMILITE: PTETE BEN QUE OUI, PTETE BEN QUE NON...

L' autre François, Françoisqueige en l' occurence, a écrit mercredi 20 janvier à 14 h 49 dans la rubrique " Divers ", sujet " Eh les anciens! ": " En ultra-trail, je pense que l' on s' approche au plus près de l' humilité."
Désolé mon cher Queigerain, mais l' ultra-trail n' a pas l' apanage de l' humilité, m' inscrivant en faux contre cette périphrase inopportune, à la fois tendancieuse, simpliste, manichéenne et apocryphe, insinuant ainsi le caractère irréprochable de l' ultra-trailer de par son refus de toute ostentation, et conséquemment l' immodestie prévalant exclusivement dans les autres milieux de la course à pied.
En premier lieu, ne cherchons pas à dresser les différentes disciplines de l' athlétisme les unes contres les autres, chacune ayant sa propre spécificité, ses disciples invétérés, ses inconditionnels aficionados, ses vertus qui lui sont propres, ses talons d' Achille également qu' elle renferme, pluralité qui en substance rend notre sport si captivant, si fécond qu' il en est indéfectible depuis des temps quasi-immémoriaux déjà, la Grèce Antique et Olympie en réalité...
Ensuite, qu' est-ce que l' humilité? Vocable énigmatique apparemment, galvaudé à qui mieux mieux en vérité...
Ainsi, à nous entendre nous athlètes, sommes-nous tous dotés, sans exception aucune, de cette qualité, quand chacun claironne qu' il est réfractaire à tout nombrilisme exacerbé, mettant ainsi en exergue l' exemplarité de sa simplicité et de sa modestie, jouant encore les vierges effarouchées quand l' un d' entre-nous ose afficher délibérément ou tacitement sa fatuité.
A contrario, aucun compétiteur que nous sommes ne peut se prévaloir de l' humilité, quand on connaît sa véritable signification: placer volontairement les autres avant soi-même, ne pas se mettre sur un piédestal pour son seul bénéfice, prêt à entreprendre quelque chose pour autrui sans espérer la moindre réciprocité. Vous connaissez moult coureurs qui se reconnaissent dans ces préceptes? Pas ma pomme en tout cas...
Incontestablement, cette fausse-modestie, cette autosatisfaction se retrouvent chez chacun d' entre-nous, traverse tous les types de coureurs, pistard, routier, montagnard, trailer courte ou longue distance, ultra-trailer, aucun, je souligne bien aucun, ne peut revendiquer ce don d' humilité, une denrée marquée du sceau de la rareté assurément.
Mais l' hétérogénéité de l' athlétisme est si prégnant qu' on ne peut généraliser à outrance. Ainsi si j' enfonçais le clou, discrétion, retenue, seraient des concepts totalement étrangers à certaines manifestations grandiloquentes qu' on retrouve aussi bien en stade qu' en dehors, le trail s' y immiscant hélas inéluctablement. Manifestations fallacieuses, écrasées en effet par la démesure de la frime, du fric et du dopage, par le saccage éhonté de notre environnement, en particulier de nos écosystèmes, où certains sponsors tentaculaires et je ne sais quels autres rapaces dont l' esprit sportif est inexistant, n' hésitent plus à fouler au pied les authentiques valeurs originelles de la course à pied, celles du respect mutuel et de l' humilité justement...
Pas étonnant dès lors que bon nombre d' entre-nous affluent désormais sur les courses de village ou des épreuves plus renommées qui en ont sauvegardé l' esprit, à l' image de celle de la Bialle par exemple ( un 10 km sur terrain mixte se concourant en septembre en Combe de Savoie ), où prédominent convivialité, simplicité et humanisme, valeurs partagées tant par les organisateurs que les participants accourus pour fuir un certain monde futile, en clair cette société de consommation infatuée, repue et égotiste qu' ils n' ont nul envie de voir ressurgir dans leur sport favori...
FRANCOIS VANLATON

Oui je ne pense pas que les attitudes soient si différentes d'une discipline à l'autre. De plus le trail est plus ostentatoire que le 10 km par exemple.

Par compte l'Ultra peut peut être renforcer le sentiment d'humilité face à la nature.

Pour ce qui est de l'humilité, c'est comme dans la société, y'a de tout à chaque niveau, dans chaque discipline. Et je pense qu'il y a autant de gens humbles dans les petites courses de village que dans les "ultra". Chacun sa passion.

Je connais un ultra-trailer qui est un "nombril sur pattes" et qui ne parle que de haut niveau et d'ultra, et qu'on ne verrait jamais sur une petite course (comme cette belle course de La Bialle) où le seul but est de récolter des fonds pour une cause, et deux autres ultra-trailers d'un niveau bien meilleur qui sont de vrais passionnés et d'une humilité incroyable, et qui n'hésitent pas à se mettre en quatre pour autrui dans tous les domaines.

Comme quoi il est difficile de généraliser, l'humilité est sur tous les fronts... dans chaque course, nous avons moyen d'avoir un peu
d'humilité...

Néanmoins je peux comprendre ce que ressent François Queige quand il parle d'humilité, moi qui en bave comme une dératée à chaque course...
et je reconnais que l'ultra-trail est très attirant par la beauté de ses épreuves et par le fait de se dépasser soi-même, et effectivement, pour beaucoup, de prendre le départ d'une épreuve pour laquelle on ne sait pas si on verra la ligne d'arrivée... mais il en est de même sur un 10 km quand on part trop vite...

Galopine

Mon cher François,

Effectivement, je pense que notre échange repose au préalable sur un malentendu. En réalité si je t' ai rétorqué prestement, c' est par crainte de te voir idéaliser de manière réductrice l' ultra-trail au dépens des autres disciplines de l' athlétisme, veillant scrupuleusement au respect des qualités intrinsèques de chacune d' entre-elles et de leurs athlètes.
Mais pourquoi ne pas l' avouer, par rapport à la teneur et au ton pondéré de ton message, le mien était particulièrement virulent, excessivement ai-je envie de souligner. Mea-culpa donc!
Et puis je n' occulte pas tout ce que tu entreprends pour la course à pied dans le département de la Savoie, n' étant pas seulement quelqu' un qui palabre mais qui sait également allier ses actes à ses paroles, bien dans la lignée des Galopine, Bernard Donzel et autre Gérard Poirier! Me vient ainsi soudainement à l' esprit la décision courageuse et pénible que tu as prise le 18 juillet dernier, quand tu as dû stopper la mort dans l' âme au Cormet d' Arêches, km 32, l' édition originelle de l' Ultra-Trail du Beaufortain, et ce en raison de conséquentes chutes de neige. Authentique crève-coeur assurément, quand nul ne peut ignorer les mois de labeur acharné qu' il t' a fallu avec tes amis pour concocter cette manifestation faisant pleinement honneur au " Pays aux Mille Chalets "!
Humant ton indéfectible fougue qui t' est si singulière, ton refus absolu d' abdiquer au moindre écueuil dressé sur ton chemin, je ne doute pas un seul instant cette fois-ci du succès de l' édition 2010 ( 17 juillet en l' occurence ) de ton épreuve fétiche!
A bientôt!

L' autre François, Arêchois jadis!